La compagnie Oposito


Les spectacles - Compagnie Oposito , Les spectacles en tournée , La symphonie des sapins

Notes d’intention

 Note d’intention de Jean-Raymond Jacob, auteur-metteur en scène

Cette phrase de Molière résume bien l’état d’esprit qui est le mien et l’attitude que j’ai décidé d’adopter dans ce prochain spectacle intitulé La symphonie des sapins.
Les évènements douloureux de haine et de violence que nous avons connus ce premier trimestre 2015 m’ont choqué comme tant d’autres.
Comment répondre à l’infâme ?
En continuant à défendre nos valeurs, celles de la liberté républicaine et du partage.

Je sais que, quel que soit l’acte que nous produirons, il ne sera qu’une larme d’émotion dans un océan tourmenté, le pire serait de ne rien faire.
Notre parti pris sera donc de répondre à cette atmosphère détestable par un spectacle tendre, drôle, lyrique et poétique.

« Quand un monde de déception et d’ennuis s’abat sur vous, si l’on ne s’abandonne pas au désespoir, on se tourne soit vers la philosophie, soit vers l’humour »
Charlie Chaplin

 Note d’intention de Pascal Le Guennec, directeur d’acteurs, co-metteur en scène

Formé à l’école Jacques Lecoq de 1987 à 1989, j’ai rencontré Alain Mollot professeur, metteur en scène et fondateur du Théâtre de la Jacquerie avec qui j’ai ensuite travaillé durant 20 ans. Parallèlement j’ai rencontré la compagnie Oposito en tant que comédien en 1989 et depuis 2008, en tant que collaborateur artistique. Outre mes autres expériences professionnelles, ces deux compagnies ont été importantes dans mon parcours de comédien, dans la vision que j’ai du théâtre comme dans mes choix artistiques. Si elles se distinguent, puisque l’une intervient dans l’espace public et l’autre en salle, toutes les deux s’inscrivent dans un théâtre infiniment populaire au sens noble du terme. Le choix cette fois de jouer sur une place publique, en étant autonome sur les aspects techniques et scénographiques, est aussi une façon d’aller au cœur de la cité pour créer un théâtre au plus proche des gens ; une autre façon d’investir l’espace public comme à l’époque du théâtre ambulant.

Le choix d’un opéra en langage inventé et remis au goût de la modernité, en faisant intervenir la magie et le merveilleux et en multipliant les personnages et les genres musicaux, permet d’aller vers un spectacle universel et contemporain.
La forme proposée est riche pour le jeu du comédien.
Elle permet : un jeu stylisé évitant toute forme de réalisme pour créer notre propre monde ; d’alterner entre la tragédie et la comédie ; de mélanger les styles tout en créant une alchimie entre la diversité et la singularité des différents interprètes (comédiens chanteurs, danseurs, musiciens chanteurs et chanteurs), tout cela au service d’un même livret.

Ainsi, sous l’œil du spectateur, va se développer une comédie humaine, une tragi-comédie, pour interroger et questionner l’absurdité du monde dans lequel nous vivons.

Le théâtre peut être encore une arme dissuasive contre la morosité et le désespoir.

 Note d’intention de Tomás Gubitsch, compositeur

Trois raisons principales m’ont poussé à accepter sans hésiter la proposition de composer la musique du nouveau spectacle de la Compagnie Oposito.

La première a été la récente rencontre avec Jean-Raymond Jacob, Enrique Jimenez et toute l’équipe de la compagnie. Il y a eu quelque chose de naturel, de fluide, d’évident qui, plus qu’une découverte, m’a fait penser à des retrouvailles entre des personnes qui ne s’étaient pas vues depuis longtemps et qui constatent que leurs parcours singuliers, bien que très différents, les ont menées à des « visions du monde » communes qui les rassemblent.

La deuxième a été la possibilité de renouer avec une pratique que j’avais abandonnée depuis longtemps, celle de la création collective.
J’ai en effet commencé à faire de la musique dans les années ’70 dans le garage de la maison que j’habitais, à Buenos Aires. A cette époque et tout particulièrement lorsqu’on pratiquait des musiques qu’aujourd’hui on appellerait « urbaines », les compositions se faisaient à plusieurs et les arrangements à l’amiable. Il était presque de mauvais goût d’être soliste : on appartenait à un groupe.
Or, par mes précédentes expériences avec des artistes pratiquant d’autres disciplines que la mienne (chorégraphes, réalisateurs, plasticiens, etc.), je sais à quel point leurs « façons de penser », si différentes de celles d’un compositeur, ont systématiquement enrichi la mienne.

Réunir un scénariste, un metteur en scène, une chorégraphe, des décorateurs, des costumiers et un musicien, non pas pour monter une nouvelle version d’une œuvre déjà existante, mais pour la créer de toute pièce, ne pouvait que réveiller en moi l’envie de revivre cette façon de faire qui m’a toujours été chère.

La troisième, aussi déterminante que les deux premières, fut celle de l’aventure inédite. En l’occurrence, celle de composer un opéra, mais pas n’importe lequel : un opéra de rue. Non pas un opéra dit « contemporain », destiné à un public restreint d’initiés (bien que, cela va de soi, je n’aie rien contre cette pratique), mais bel et bien un opéra, tout aussi actuel, mais qui s’adresse, si je puis m’exprimer ainsi, à tout un chacun. Ce double pari d’être à la fois totalement ancré dans son temps et de s’adresser aussi bien à un auditoire connaisseur que néophyte ne pouvait que tenter le compositeur que je suis, convaincu que les frontières entre musiques « savantes » et « populaires », à une époque où il suffit de taper « Stravinsky » ou « Björk » sur YouTube pour accéder à leurs œuvres respectives, sont vouées à devenir de plus en plus perméables.

 Note d’intention de Nathalie Pernette, chorégraphe

Chorégraphie et mise en mouvement de la Symphonie des sapins reposeront sur un quotidien savamment décalé.
Chaque personnage convoqué ; figure de l’ange, du diable, du facteur, du voleur, de la danseuse et j’en passe sera ainsi défini par une gestuelle extraordinaire héritée de la vie de tous les jours.
Une démarche significative, une manière d’empoigner les objets, de s’approcher des autres, de regarder, voire même de chuter ; tous ces « petits riens » seront mis à l’étude et malaxés, retournés et détournés. Nous jouerons ainsi autour de l’amplitude, de la vitesse, de l’énergie ou de la couleur de tout ce vocabulaire pour le décoller de la réalité.
Au-delà des individus, des « danses » plus chorales seront convoquées, certaines en lien avec des objets (ballet de valises), des éléments du décor (ballet de portes), des partenaires de chair ou d’épines (ballet des sapins !), le tout dans un bel hommage au mouvement burlesque.

 Note d’intention de Jean-Philippe Dejussieu, répétiteur chant

1ère porte : Juillet 2010, comme tous les soirs, la troupe de La Caravane de verre chante « Ah, tutti contenti », comme tous les soirs, du coin de l’œil, je regarde Jean-Raymond, comme tous les soirs, il pleure.

2ème porte : Après l’avoir entendu pour la première fois, je rentre chez moi en fredonnant « Pourquoi pas » de Tomàs Gubitsch. A quatre heures du matin, toujours ce fichu thème qui m’empêche de dormir, c’est un signe.

3ème porte : Je suis en coulisses et Nathalie Pernette chante du Purcell alors que des milliers de balles de pingpong se déversent sur elle, c’était le samedi 28 Avril 2007.

4ème porte : Pascal Le Guennec chante « La cuisinière du moulin à vent » dans un bus qui nous ramène d’un spectacle je ne sais plus où et je ne sais plus quand.

5ème porte : Répétitions de A la vie, à l’Amour, répétitions de Kori Kori, à chaque fois, un jour, à un moment, il y a un déclic ; comédiens et comédiennes deviennent un chœur et s’abandonnent à chanter, s’écouter et se regarder sans gêne. Le silence qui suit ce moment-là est mon plus beau cadeau.

6ème porte : Un Opéra avec six portes ? J’attendais ça depuis toujours…

 Note d’intention de Fabienne Desflèches, costumière

Habiller cette nouvelle création « La symphonie des sapins » m’invite à réfléchir sur la représentation d’archétypes : figures du quotidien (pompier, facteur, livreur…), figures fantasmées (ange, diable…), figures divinisées (ténor – Dom Juan, diva, danseuse étoile…).
Si l’absurde, le burlesque et la poésie côtoient le quotidien… la réalité de ces vies (loges, envers du décor) se frotte au monde du spectacle (magie et fascination du théâtre).
Et si tout s’embrouille, ces costumes seront comme des codes, néanmoins stylisés et réinterprétés.
Ils permettront également des changements rapides en s’adaptant facilement aux nombreux personnages et ménageant des effets de surprise (principe du « quick-change »).
En empruntant à divers styles : classique, grotesque, clownesque, contemporain etc. ce vestiaire vous transPORTEra vers un univers-frontière où faux-semblant et illusion interpellent la sincérité et l’émotion.

vendredi 4 novembre 2016


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