– Premières visions
Un hangar. Le hochement de la tête d’un éléphant. Salut métallique à l’équipe qui arrive. Deux heures de route. Paris Amiens. Parking. Ils débarquent avec leurs sacs. Fête dans la ville à Amiens. Sur les routes, dans les trains, ils arrivent, pèlerins de ce rendez-vous tacite, évident, résistant
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Hangar. Hochement de tête d’un éléphant dans la somme. Festival ! L’éléphant qui salue quand on s’y approche a deux techniciens dans la tête. Chirurgiens qui opèrent, qui préparent, qui soudent, qui réparent, qui soudent, qui recousent. Bruits de meuleuses, gerbes de flammes, d’étincelles. Moutons, rhinocéros, crocodiles, scène de Madone, moutons.
13 ans de travail, de soudures, de blessures, de brûlures, de larmes, de sueur, d’éclats de rires qui vont traverser la ville.
Qui ont traversé le temps.
Nourris, construits d’une rencontre, d’une folie et du temps.
Traverseurs de villes, colporteurs d’histoires, raconteurs de voyageurs. La ville attend.
Encore du temps pour ressouder.
Les soudures ses sont améliorées, la technique a changé parce qu’ils ont regardé, éprouvé, traversé…
Ces arpenteurs de villes, ces voyageurs, ces transmetteurs de rêves, passeurs d’images, Oposito, les passeurs de rêves et tu vois les troupeaux qu’on fait, on est aussi des bergers. Bergers chirurgiens d’animaux de métal.
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Transhumeurs, bergers de troupeaux improbables attrapés, collectés, visionnés dans leurs yeux de fous et ouverts, bagages inouïs transformés, soudés, fabriqués, agencés. Chaque matin, pensés, affinés, digérés, divagués pour qu’un acrobate s’accroche à un scorpion, pour que des girafes chantent dans la ville comme des divas dans un rêve d’enfant.
Dans la ville, il y aura demain leurs cahiers fous et secrets de ces transformateurs de réalité. Les Oposito. Ici j’ai un crocodile à faire passer, là, je veux les ombres projetées sur la façade de l’église,
Les 34 bâtons de feu, on les pose en haut, en extincteurs, j’ai ce qu’il faut. Ca grouille, ça fourmille sous le hangar. Le ventre atelier accoucheurs de mirages.
Demain, dans la ville, ils vont traverser, transformer pour laisser à jamais la trace du rêve et du voyage. Oposito, les fabricants, les héritiers, les doits agiles, et le dos blessé par le métal de leurs rêves. Ils rêvent et ils s’acharnent à construire.
Oposito, les gens d’Oposito et leurs galaxies assemblées, tissées, boulonnées pour que le grand paquebot du triptyque ne rate pas l’entrée de la ville.
Demain, ils entreront dans la ville.
Demain, ils vont traverser, transgresser, coller les ombres d’un crocodile d’Afrique sur la façade en briques rouges d’une église pour que plus jamais le passant ne voit son église comme avant.
Laisser la trace de leurs voyages dans la trace de leur passage.
Les Oposito, marcheurs, traceurs dans la ville. Marcheurs obstinés, bergers enragés, saltimbanques soudeurs, fou furieux charmeurs et tranquilles de leur théâtre, choisi, pensé, décidé, organisé.
Attraper le public par derrière, le surprendre. Elever les cavaliers à hauteur d’yeux du public. Asseoir le public, 3000 personnes pour dessiner dans leur mémoire la marche ondulante d’une femme d’Addis-Abéba. En voyant les yeux de l’enfant qui regarde, je sais qu’il rêvera cette nuit d’une transhumance surréaliste. Surréaliste plus vraie que vraie.
Les Oposito étudient, travaillent et la ville est leur théâtre. Porteurs de sens et d’écritures du monde, de leur monde boulonné à l’enfance, avec leur tendresse à eux ou leur violence.
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mercredi 20 juin 2007