– Nichola, comédien
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Oposito, c’est d’abord une rencontre avec un univers que je ne connaissais pas, la rue. Une dimension incroyable, un rapport avec le public totalement ouvert dans tous les sens du terme, une autre approche du monde, un voyage.
Et ensuite, il y a eu le choc des « Trottoirs ». Après une audition, les mois, les années ont passé, des rencontres, des villes et des pays traversés tout au long de ce mirage interplanétaire. Ma vie a changé, ma vision du théâtre a bougé. Entendre, écouter les gens dans la rue, se retrouver en France, au Venezuela, à Montréal ou en Corée pour faire découvrir ce spectacle. Le spectacle, c’est un bonheur. Tous les jours, voir les enfants ou les adultes avec les yeux illuminés par des couleurs, des rythmes, du feu et de la folie... C’est ça, les Trottoirs d’Oposito !
Après plus de 30 dates à différents endroits de la terre, l’arrivée en Corée du Sud, la rencontre avec les comédiens coréens et les gens du pays. J’attendais ça, angoissé, inquiet comme une première rencontre, quelle qu’elle soit. Un autre choc, Trottoirs, Oposito, la Corée. Générosité, envie, dynamite, savoir-faire, rigueur, amusement, autres façons de voir, d’apprendre, autant de mots qui m’ont permis de changer ma vision de ce spectacle grâce à de nouvelles personnes, de nouveaux placements (dans le spectacle), j’ai redécouvert après 6 ans une nouvelle envie et un nouveau spectacle Trottoirs à Séoul.
Merci
Jour J, première représentation des Trottoirs de Jo’Burg en Asie
20h45 : dernier point dans les loges
En face de moi, une équipe franco-coréenne va défendre les couleurs d’un spectacle aux couleurs d’Afrique ; je ne fais aucune différence entre mes comédiens et ceux d’ici. Les costumes et les maquillages inventés par Philou et Fabienne permettent à nouveau cette métamorphose.
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Je suis très ému lorsque je dois donner mes dernières indications… A la sortie des loges, je reste une fois de plus convaincu que si le théâtre
nesert à rien, il rapproche les gens quelque soient leurs différences.
Le public est au rendez vous : 21h03, un horaire de voyage, il est venu nombreux, je me demande encore comment il va réagir… En tous les cas, il comprend vite qu’il faut suivre le mouvement. Cette première représentation fut énergique et belle à la fois, parfois un peu de travers, nous devons constamment rectifier nos trajectoires. Nous sortons de scène en sueur mais très heureux de cette première rencontre avec ce public.
10h du matin
Après une nuit de sommeil bien méritée, je retrouve toute l’équipe pour un point sur la représentation d’hier soir. Tout le monde a le sourire, on reprend l’ensemble des mouvements, on les décortique pour que ce soir soit encore mieux qu’hier.
Les comédiens ont la pêche, la confiance a gagné, j’ai en face de moi une troupe soudée prête à affronter à nouveau les spectateurs qui sans nul doute viendront plus nombreux ce soir. Martine remet tout le monde à l’ouvrage avec Michel, on reprend les chorégraphies et les parties rythmiques du spectacle.
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20h04 : nos personnages apparaissent à nouveau pour faire passer notre rêve à travers les boulevards de Gwachéon. La pluie tombe, le public est moins nombreux, nous traversons une haie de parapluies nous donnant l’impression de jouer devant un parterre de champignons. Autour de la première image, deux mille personnes nous entourent et, au fur et à mesure de notre progression, les spectateurs arrivent en masse. Cinq mille personnes nous suivront alors jusqu’à la fin de cette représentation. Celle-ci fut carrée de chez carrée, l’expérience d’hier aura servi à tout le monde, aux comédiens mais aussi à ce public qui, initié hier, saura ce soir nous accompagner comme de vrais connaisseurs de spectacle déambulatoire. Nous rentrons en loge, la pluie ne tombe plus sur Gwachéon.
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La fête qui suivra et qui durera une bonne partie de la nuit atteste du plaisir que cette équipe a pris pendant ces dix jours. Moi, je suis heureux de me rendre compte à nouveau que nos histoires, qu’elles soient partagées en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord ou encore ici, soient perçues par le public de la même manière et me donne une fois de plus l’assurance de continuer à faire voyager nos rêves à travers le monde.
Photo des Trottoirs à Gwacheon
Nous sommes dans le bus qui nous conduit à Goyang, nous traversons Séoul par un temps superbe. Julie prend des photos, Didier joue avec le petit robot qu’il a acheté hier, jour de shopping à la capitale pour une partie de l’équipe. Le rire de Corinne, très en forme, résonne dans le car …
Hier, les comédiens ont repris l’avion avec Daniel Andrieu qui était notre invité pendant ce séjour en Corée. Grand plaisir de l’avoir avec nous et de partager avec lui la fermeture du boulevard où nous avons produit nos deux représentations des Trottoirs.
Il faut dire que la partie n’était pas gagnée mais, comme d’habitude, avec patience, bonne volonté et une pédagogie très active, nous avons obtenu satisfaction. La route est aujourd’hui ouverte au Théatre déambulatoire à Gwachéon. Pierre, de Générik Vapeur, présent pour un repérage, marchera dans nos traces.
Le travail avec les comédiens coréens s’est avéré exceptionnel et leur engagement à nos côtés nous a permis de produire deux représentations des Trottoirs à la hauteur de notre promesse, la transmission du spectacle par Michel et Martine a porté ses fruits.
– Goyang City, Big brother is watching you
Nous voilà donc à Goyang où nous sommes invités à produire Le Cinématophone dans le cadre du Goyang Haegju Festival.
Changement de décor complet, une ville qui n’existait pas il y a une dizaine d’années, neuve de chez neuve, qui compte un petit million d’habitants. Ici, ne cherchez pas de traces du passé…
Nous sommes logés dans une étrange tour de 18 étages où tout vous rappelle "1984" de Georges Orwell : robotisée, automatisée, caméra, portes électroniques ; nos chambres sont spacieuses mais vous ne pouvez pas vous empêcher de songer à une prison de luxe.
Chacun prend ses marques, puis on se retrouve en bas pour un premier repérage. Cette ville est immense, des buildings à perte de vue entourent le lac qui se trouve dans le parc où se tient le festival. Ici, tout est grand : les places, les avenues, les ponts, les passages-piétons… En fait, rien de plus normal quand il s’agit de faire vivre et circuler ces milliers de citoyens. Nous retrouvons notre hôtesse : visite des loges, on s’installe, un petit tour du parcours que nous emprunterons demain. Facile, j’ai envie de dire après ces deux représentations des Trottoirs à Gwacheon. La fin d’après-midi arrive vite et la nuit tombe d’un seul coup ainsi que la température. Après un bref passage dans notre prison dorée, nous allons manger dans une des rues principales de cette ville du troisième millénaire. Comment vous décrire cette avenue d’une longueur impressionnante, éclairée de toutes parts, des milliers d’enseignes ornent des buildings, les recouvrant presque dans leur totalité. Un temple de la consommation !
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Nos centres commerciaux semblent ridicules à côté de cet immense parc d’attraction, des dizaines et des dizaines de commerces. J’avais une image des asiatiques comme étant des commerçants mais ici, il n’y a pas de mots. Le moindre petit coin abrite une boutique de luxe ou de pacotille, une immense braderie à ciel ouvert où vous passez de la kermesse à Disneyland, le tout baigné par toutes les odeurs mélangées des centaines de restaurants qui bordent cette monumentale rue piétonne.
Gwacheon, vu d’ici, ressemble à un village.
Notre choix s’oriente vers un restaurant à la devanture d’aquariums remplis de coquillages et de poissons que l’on vous sert directement sur la table où se trouve un barbecue. Je ne vous raconte pas la tête de Julie et de Coralie quand à la table d’à côté, le restaurateur portera à nos voisin un poulpe vivant découpé en direct dans leur assiette, et qu’ils dégusteront sous nos yeux d’occidentaux avec une petite sauce locale…
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Allez, demain est un autre jour…
Par un soleil radieux, nous sortons des loges pour rejoindre le rendez-vous public. Quand nous arrivons, il est déjà assis, sagement, et nous a préparé un beau cercle… Il va bientôt découvrir ce qu’est un spectacle déambulatoire !!!
Cela ne se fait pas attendre ! A la première charge des comédiens, cris, on se relève, débandade puis la surprise passée, ils comprennent vite et se mettent à suivre les déambulations de notre Diva et de son armée sonore…
Etonnement, les réactions de ce public sont tout à fait différentes de celui avec qui nous avons partagé les Trottoirs à Gwacheon. Très démonstratif en tous les cas, les enfants sont excités comme des poux, des jeunes filles poussent des cris de panique, certaines fondent en larme, d’autres on peur !!!
Une représentation énergique avec un public nombreux se rapprochant le plus possible de l’image en nous serrant côte à côte, nous donnant parfois l’impression d’être au carnaval. Les applaudissements et les sourires de la fin du spectacle nous conforteront, ils ont aimé.
Dimanche, nous donnons notre dernière représentation sur le sol coréen, du début jusqu’à la fin du spectacle, le public nous accompagnera sans défaillir malgré le ciel chagrin puis sur un ultime salut, nous rentrons en loge.
Notre première et grande aventure sur le continent asiatique se termine, nous reviendrons l’année prochaine direction Singapour…à suivre.
– Dov, comédien
Ce matin, au petit déj, je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai surfé sur quelques informations et je sais donc que ce soir, la France disputera son quart de final de rugby avec la Nouvelle-Zélande. Ici, on s’en fout royalement, seuls importent les restaurants du midi et du soir. Il n’y a que depuis ce matin que l’on a droit à un petit dej à l’hôtel.
Depuis deux jours, l’équipe d’Oposito se réduit considérablement : un avion affrété avec les ¾ de l’équipe des comédiens Trottoirs, un deuxième avec les techniciens et un car pour l’équipe restante pour changer de ville (je devrais dire de banlieue de Séoul) et jouer Cinémato à Goyang City, un immense centre commercial à ciel ouvert entouré de tours plus hautes les unes que les autres, des enseignes lumineuses en veux tu, en voilà et un lac !!! Parsemé de barnums tel des champignons comestibles… euh… commerciables. Et là, 8 gugus et une diva (et dans l’ombre, la direction) s’apprêtent à communier avec les coréens et les coréennes. Il est 14h, heure locale, j’ai une heure pour faire la sieste et je reprendrai le fil de mon journal after the show...
– Jonhatan, ingénieur son
J’aime bien ce pays, j’apprécie le respect des gens, un grand contraste avec nos coutûmes latines…
La bouffe aussi, j’adore tout ce qui est épicé et là, je suis servie..
Quel plaisir de déambuler dans la rue à la tombée de la nuit et me laisser aller à la découverte culinaire de ce pays !
J’aurais aimer découvrir aussi la nature mais je crois que pour cette fois-ci, c’est râpé… Je ne suis pas trop « ville » mais je m’adapte…
9h55 vol Air France Séoul Paris AF267
Après avoir aperçu par les hublots la terre vue du haut, la Chine, le désert de Gobi, la Mongolie, la Russie, la Sibérie, la Finlande, un bout de Suède et l’Allemagne, nous voilà en France. Ces derniers jours à Goyang City sont passés très vite, mais nous avons profité amplement de cette ville fête foraine…
mercredi 17 octobre 2007