– Fin du catering, il est 14 heures.
24 heures que je suis là. Les artistes repartent répéter. Les cuistots mangent, poignet bandé, brûlure de cuistot. Le gardien à l’entrée qui ramasse les tickets lit le journal. La ville circule, les passants passent.
Des baraqués, tee shirts noirs « scénium » boivent un café dehors. Le petit peuple du théâtre de rue est dans la ville, chacun à sa tâche du jour.
Demain, à la nuit, le rendez-vous de milliers de personnes. Les acteurs se préparent, muscles tendus, tôles dans les pattes, rythme dans les jambes. Ils se préparent pour réjouir le public, ceux qui attendent le rendez-vous et qui tout de suite passent, vont travailler, téléphonent, s’occupent des enfants, cherchent leurs clés. Ceux pour qui tout le monde grouille. Chacun du public, dans son quotidien. Chacun dont on veut allumer les yeux. Le soleil éclate sur la place. Je savais qu’il ferait beau.
En passant dans la ville, les techniciens accrochés comme des araignées à la carcasse métallique de la scène de transhumance en construction.
– Poste de pilotage. Point du matin.
Bruits d’atelier. Les machines imprimantes : planning des comédiens. Bus. Dernières arrivée. Ce soir l’équipe de Toro arrive et repérage. Minuit sur les portes charge. Cris de bonjour. L’équipe de Trottoirs vient d’arriver dans le hangar. Les techniciens sont déjà là.
D’autres arriveront plus tard, en train, en voiture. On mettra la poursuite sur le toit de la maison de la Culture. Pour le final de Transhumance. Il faut préparer la fête de samedi soir. 400 personnes, plusieurs mètres de bar, planches et bidons. C’est nous les bidon et les planches ! Repérage de Trottoirs, repérage de Toro, retour aux hotels. Arrivée des comédiens de Toro. Repérage de Transhumance. Faut voir pour les coulisses de l’autel de la Madonne à coté de la police municipale. L’éclairage du parvis de la cathédrale. Pour la disparition, il y aura le noir. L’éclairage public de la ville au tempo des images. Il faut plus de café, veiller à l’organisation. Les oposito des 3 spectacles, les tensions stupides à éviter, à anticiper.
Les chants des poupées de Trottoirs démarrent dans l’atelier comme un appel. L’appel d’un autre continent. L’appel du pont de la rue des comédiens. La tribu se rassemble.
Et la tribu ?
La tribu, 23 techniciens d’Oposito, 6 personnes pour l’équipe de production, administration, direction artistique, 47 techniciens de la ville d’Amiens pour sécuriser les espaces, garder les lieux, bouger les barrières, 57 comédiens et comédiennes, 23 personnes pour le bagad, au final de Transhumance, 11 semi-remorques, 2 bus pour le transport des comédiens, 2 mini bus de location, 5 voitures utilitaires, 2 camions de 20 mètres cube, 65 billets de train, 10 jours de présence d’une bonne partie de l’équipe.
Et Amiens attend, se prépare.
Amiens et sa métropole : 5 communes, 180 000 personnes, 50 000 attendues dans les rues pour un festival, une fête de la ville qui a 30 ans. 4 jours de fête pour ses 30 ans et les artistes amis, les compagnies historiques et fondatrices de l’histoire des Arts de la rue et de l’histoire du festival.
– 21 h au catering
Toro est arrivé (sans se presser !) Le grand Toro ! Le beau Toro !
Dernier né d’Oposito.
Catering déjà transformé en terrasse de bar à l’heure entre chien et loup (premier nom de Babylone).
Rien à faire les artistes de rue, ils la prennent la rue.
Discussions. Rires.
A un moment, deux motards, clignotants bleus, équipe technique en fluo.
Repérage pour Toro.
Toro est arrivé.
Rires. Trottoirs salue de loin les Toro.
On raconte sa vie, on se retrouve, Amiens. Rendez-vous. Oui Amiénois ! Rendez-vous à l’histoire des artistes.
Les artistes de rue sont là. Rendez-vous car ils ont traversé les villes, les pays, les spectacles.
Et ils arrivent, ils n’arrêtent pas d’arriver.
mercredi 20 juin 2007