Photo : Hélène Jayet
Quel est ton parcours ?
J’ai 34 ans, je suis né le 8 Mai à Kinshasa, Capitale de la R.D. Congo, d’un père Congolais et d’une mère Portugo-Belge. Diplômé en Lettres et gradué en Art Graphique, je suis doté d’une large tessiture vocale et excelle dans de multiples styles musicaux. Je parle 5 langues : Français, anglais, lingala, kikongo, swahili. Je suis également comédien, danseur et modéliste ; d’où ma personnalité́ qui ne passe jamais inaperçue ! Je suis souvent en tournée dans les grandes salles mythiques nationales et internationales (Zéniths, Arenas, Dômes, Opéras…) et collabore avec de nombreux chanteurs et musiciens venus de tous les horizons. Professeur de chant et coach vocal, mes Master-classes (ou ateliers vocaux) sont très dynamiques. Je suis l’un des rares professeurs de chant à avoir reçu une médaille décernée par une Mairie pour ses loyaux services à la ville. Dans mon cas, il s’agit de la ville de Bessancourt, dans le Val d’Oise.
Pourquoi as-tu choisi une vie d’artiste ?
J’ai suivi une fois ma mère dans sa chorale et je n’ai plus arrêté de chanter. Malgré tout ce que j’aurais pu faire en tant qu’artiste graphiste et diplômé en lettres, le chant et la musique ont été pour moi un accomplissement. C’est la tête et la queue de mon Art. J’ai toujours été rêveur, créatif et brillant (disaient mes sœurs…). Être chanteur m’apprend à tout faire avec mes tripes. Même si on n’a toujours pas ce qu’on veut, tant qu’il y a la vie, je chanterai !
Photo : Hélène Jayet
Ton rôle dans le spectacle « Peaux bleues » ?
Je suis au four et au moulin ! J’adore ça, c’est comme en cuisine. Je suis surement le chanteur électron libre du spectacle. Et je m’occupe de la Sape ! Le spectacle sera haut, non seulement en voix et en musique mais aussi en sapologie. N’est-ce pas Bleu la couleur des Dieux ? J’aimerais bien, par mon stylisme, rendre la troupe Noble et Joyeuse. Et par ma voix, que personne n’oublie notre passage !
Qu’est -ce qui t’a convaincu de participer au projet « Peaux bleues » ?
La première fois que je suis allé aux bureaux de la production, j’ai trouvé sur un meuble une statuette tribale de chez moi : un Mukishi de la tribu Lunda (Tshokwé). N’est-ce pas un signe que mes ancêtres me soutiennent ? Et aussi, le thème magnifique qu’est la Peau Bleue me parle vraiment car je suis un passionné de l’héritage que nous laisse notre race Humaine. D’un côté nous racontons notre vie de tous les jours, dans la cité… La diversité Française. Tout ce côté « de l’ombre à la lumière » du spectacle qui est, en fait, écrit par nous-mêmes, m’enjaille énormément !
Photo : Hélène Jayet
Selon toi, l’invisibilisation dans les milieux culturels est-elle toujours d’actualité ?
Je suis Métis et je sais que, dans la culture, on me considère comme un pont ou « qui choque moins » et c’est peut-être le côté gênant dans l’histoire. Je pense qu’il y a des semblants représentatifs de toutes les catégories et les couches sociales. Mais au fond, il n’y a pas plus que ça d’emploi pour ceux qui sont « racisés ». Toujours les mêmes rôles, les mêmes connotations, références, appropriation culturelle... Ça craint… Moi, je chante la Marseillaise dans des cérémonies officielles, de l’opéra mais aussi du gospel et folklore du monde ! J’espère être un exemple de neutralité, ou pluralité, qui est sensé primer dans la culture. Le jour où le Zouk, par exemple, sera considéré comme intégralement un des styles Français, on aura fait un grand pas. L’ami noir qui meurt au début du film, il veut arriver à la fin, cette fois-ci. On croise les doigts.
Tes références rapport à la question Noire ? Que nous recommanderais-tu ?
Je suis un fana du fantastique, des sciences, de la spiritualité et de l’histoire. Parce que je n’aime pas être sans réponse et je pense que tout a une logique, tout ce que nous sommes est en rapport avec le passé. J’aime fouiner. Je suis tombé sur les légendes des « Mille et Une Nuits » et pas les 3 ou 4 que l’on connaît. Mais les autres histoires, en profondeur… je me suis rendu compte que la vie d’avant a été gravée dans nos traditions et la place du Noir, malheureusement, a toujours été assimilée à la Noirceur, à l’ombre, au nocturne, aux ténèbres, au mal et au diable… Mais, comme on dit, l’histoire est racontée par les vainqueurs. Donc, allez y jeter un œil, vous ne verrez plus les contes de Shéhérazade de la même manière. Plus tu vas en arrière dans le passé et plus elle était Bleue, l’Humanité.
Photo : Hélène Jayet
Pendant cette période bouleversée par la crise sanitaire, comment travailles-tu ? répètes-tu ?
Le défoulement en musique, danser, un peu d’étirements Yoga, une bonne méditation et des exercices de souffle constituent mes coutumes pour être au taquet ! Pour motiver mes voisins et ne pas perdre la Voix, je chantais sur mon balcon, tous les 20h après les applaudissements et les remerciements pour les soignants et ceux qui continuaient à travailler. Heureusement que j’ai plein de vidéos des répétitions des dernières résidences dans mon téléphone, cela me permet de ne pas oublier « Peaux bleues ».
Quel est ton truc réconfortant ?
LA CUISINE, faire à manger est pour moi un moyen de maintenir une certaine vie en moi. Les précisions des dosages et la créativité culinaire est un monde merveilleux. Je me dépense beaucoup dans mes activités. Même fatigué, je fais honneur à mon corps en lui cuisinant les fruits de mes pensées. Entre nous, ma nourriture peut guérir… Et avoir une pensée pour ma famille qui est loin de moi, me donne toujours de la force pour continuer.
« Ventre affamé n’a point d’oreille. »
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jeudi 11 juin 2020