Mercredi
11 août
Beaucoup d'idées, mille danseurs, des possibilités incroyables,
le regard brillant des enfants, pas beaucoup de temps.
Jeudi 12 août
J'arrive pour la première fois à Soweto, depuis la voiture
de Penny, j'aperçois sur le bord de la route un étalage
de fruits : pommes, oranges, pommes de terre, placés en forme de
cône, l'image de la silhouette des poupées m'apparaît.
A côté une petite fille danse en levant ses jambes comme
dans les danses zoulous, la plante de ses pieds est rouge comme la terre
d'ici.
Vendredi 13 août
Ce matin, sur le chemin du stadium, les trente danseurs du groupe de
Sifiso ont commencé à chanter. Tout d'un coup c'est comme
s'ils avaient ouvert un nouvel monde dans cette environnement assez froid
du stade.
Dimanche
22 août, 20h
Dès mon premier jour, ce que je pouvais apporter au projet a
été clair, c'est une participation à l'élaboration
d'une chorégraphie pour 120 danseurs et pour une soliste. Mon intégration
au groupe a été rapide et c'est un plaisir pour moi de travailler
avec l'équipe Oposito sur ce projet.
Aujourd'hui, encore trois semaines avant le spectacle, on travaille
au stade pour les répétitions de groupe, à Soweto
avec les danseurs et à la Danse Factory avec Dada. Pour travailler
avec 120 enfants, qui ne parlent pas tous très bien anglais, il
faut une voix puissante et une grande patience. Mais les enfants réagissent
bien. Cela m'étonne qu'ils apprennent si vite les structures chorégraphiques
et qu'en même ils n'arrivent pas à improviser, à utiliser
la liberté de l'improvisation.
Par contre, si on les observe pendant les pauses, par leur jeux et leur
manière de bouger, on voit la vraie danse de la jeunesse africaine.
Petit voyage avec le groupe à Alexandra
Qui vient ? Où sont-ils ? Où sont les voitures ? Sommes
nous au complet ? Pourquoi seulement deux voitures ? Où est Jérôme
? Où va-t-on ?
Solution : téléphone portable de Sarah et Mike.
Qui en sait plus ? Finalement on part et on arrive, mais où on
est ? Qu'est ce qu'on fait ? On attend. Solution : téléphones
portables.
Finalement on arrive.
Là, sur une place, un homme danse entouré d'une centaine
de personnes. Il se jette par terre, il tape de ses mains sur la terre
sèche, il travaille la terre avec ses genoux comme un fou. Les
gens crient de plaisir. Nous sommes les seuls blancs sur cette place,
et de ce fait , une attraction. Un Brass Band commence à jouer
et nous le suivons en dansant. Les gens sont contents de voir des blancs
fous dans leur quartier et réagissent en souriant, dansant
Dimanche 5 septembre
Martine et Roger
Essai d'humeurs sonores dans le Stadium
Là
haut, dans les tribunes présidentielles le staff directorial s'affaire,
il paraît qu'il y a plein de monde qui s'affole sur les tops
Nous, en bas, très, très en bas, dans l'arène verte
nous essayons de comprendre "nos ordres". En l'occurrence ce
que Jean Raymond espère voir sur la pelouse
La musique tourne sur la sono de répétition bien trop
faible pour capter nos tops musicaux. Penny lance désespérément
des consignes pour remettre ses lignes en lignes. Les percussionnistes
Zoulou qui commencent à s'ennuyer frappent le rythme
Oh ! il nous semble entendre des mots en français
la voix
étouffée de Jean Raymond raisonne dans le stade, incompréhensible
nos oreilles se tendent, on se regarde l'air dubitatif
"Qu'est
ce qu'il dit ?". S'enchaînent des phrases en zoulou pour
diriger les danseurs perdus au milieu du stade
la musique tourne
toujours
Le téléphone dans la poche sonne, c'est Jean Raymond,
qui de là-haut passant par Paris, nous prévient qu'un filage
va commencer
Aaaaaaaahh !
Les mégaphones sur le terrain braillent des recommandations aux
3000 danseurs de Penny
et ces 3000 personnes enchaînent un
brouhaha
D'après nous ils sont en train de briffer tous les
"ousins" - nous vous raconterons notre théorie de Cousins
plus tard - Chez nous ça s'organise
. ou presque ! Notre
tunnel, qui correspond à nos coulisses, joliment appelé
Porte Delta, commence à prendre vie, et quelle vie ! Entre
temps la nuit est tombée, et dans le tunnel il fait noir, noir
comme dans un estomac de vache (expression de mon co-writer, mon cousin
suisse).
Allez
il faut organiser la mise en place dans le tunnel
Roger,
tel une maman poule, casquette en suisse allemand , organise le rassemblement
des jeunes danseurs de Dora - de toute façon on le l'entend pas
alors il peut revenir à sa langue natale et s'ébrouer avec
ses grandes ailes - Pascal, peste encore une fois, il n'aura pas le temps
de répéter son alignement des poupées sur le final,
il court sur la pelouse casquette aux couleurs africaines enfoncée
jusqu'aux oreilles et pratique son anglais en appelant les leaders des
grandes poupées "
yellow
red
vert, vert
".
Martine qui n'a pas tout entendu les explications de Jean Raymond, exécute
de grands mouvements en direction des tribunes ; bras en croix, pouces
levés, pouce baissés, index dans les oreilles
Ont-ils des jumelles là-haut ??? Bon
On fera comme on
pense
Conditions spectacle
rassemblement de nos 200 participants, Martine
monte sur le tas de planches, qui se trouve aujourd'hui à l'entrée
du tunnel - ne pas s'inquiéter, nous espérons que tout le
"merdier" qui se s'amoncelle dans le tunnel disparaîtra
le jour du show, aujourd'hui on fait comme on peu
- donc
juchée
aux côtés de Stanley Mfanafuthi Mtombeni leader de poupée
qui traduit "son" anglais en zoulou. Elle essaye de faire passer
qu'une attente de 20 minutes est nécessaire avant notre intervention.
Calme et sérénité seraient les bien venus dans le
tunnel, on va essayer
Tous se précipitent = 1er consigne déjà oubliée
Pascal dans le noir lance des chuuuttt
chuttt
le brouhaha
monte, les voix résonnent, tous les danseurs sont dans les poupées
ouf
chuutt
, on entend les scratch des velcros des poupées
qui se ferment - en allemand "Klettverschluss" - Roger et Martine
entrent et sortent du tunnel, oreilles aux aguets sur le crincrin de la
musique : "c'est à nous - non - go - stop - on nous donne
le top ? - merde trop tard - quoi Jean Raymond - go - mais on le
sait
"
Résultat, nous avons fait une très belle prestation, et
de plus dans les temps.
Lundi
6 septembre
(soutenu par Martine)
Cinématophone à Alexandra
Nos loges se trouvent dans l'église luthérienne de Trévor
à côté de docteur Knack School. Nous sommes en train
de nous changer, de nous maquiller
et tout d'un coup
problème
logistique ! Un enterrement devrait être célébré
dans "notre garde robe", où si voulez dans leur église.
Que faire ? Nous sommes plutôt embêtés, mal à
l'aise. Le défunt n'est pas mort ce matin ! Le Pasteur pouvait
nous prévenir de ce service imprévu ? Non ? La
famille, les amis du défunt arrivent
où est le corps ?
Le pasteur très serein réfléchit
. Nous sommes
vraiment mal à l'aise avec nos malles noirs entassés dans
l'église. Et bien, la cérémonie se fera dans une
autre église. Timidement nous proposons nos services, mais que
faire ? Mike et Sarah feront plusieurs allers et retours voiture
pour emmener la famille dans l'autre église. On se sent toujours
mal
Une demie-heure après
Les acteurs maquillés en blanc
entrent dans les rues d'Alex
Venons-nous d'une autre planète ?
Les spectateurs réagissent entre la peur, la joie, la curiosité.
Un petit enfant me demande "Are you alive ? I don't believe
you are alive". Moi je dis "Yes I am alive", mais il ne
me croit pas.
A mon grand étonnement, j'ai provoqué une sorte de "transe
spirituelle" sur un vieux monsieur qui m'a vu venir avec mon engin
musical - pourtant je ne l'ai pas heurté - Il est tombé
par terre, les yeux révulsés, la bouche déformée,
le corps tétanisé. A ce moment je me suis dit que c'était
lui qui venait d'une autre planète
Enfin je l'ai aidé
à se remettre debout, et c'est pas facile d'aider les autres quand
vous portez un cinématophone. Pendant ce temps le spectacle continuait
et moi j'étais toujours à me demandé si soudainement
me n'était pas venu un pouvoir surnaturel provoqué par le
poids du cinématophone sur mes épaules
Philou m'arrache
de mes réflexions, le spectacle avance
je réfléchirai
à un autre moment à ce nouveau pouvoir ! Le vieux monsieur,
lui, semble ragaillardit. Le spectacle continue
Vendredi 10 septembre
Le travail avec Oposito (en allemand)...
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