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Repérages, mars 1999

13 mars 15-16 mars 22 mars

Samedi 13 mars 1999
8h30 (25°C)

Le soleil est déjà là, il réchauffe le jardin copieusement arrosé cette nuit par un orage d'enfer. Je viens de me réveiller, j'habite la très belle maison de notre hôtesse Catherine, alors que mes petits camarades, Michèle et Kiké, sont à deux pas d'ici dans une "guest house" de rêves.

Après un voyage très long (9000 km, 12 heures d'avion) nous débarquons à "Jobourg", c'est furieux !!! Rien à voir avec Addis Ababa, ici ça sent la mégapole, des tours immenses, des autoroutes, des ponts, on a l'impression que tout le monde vient d'acheter une bagnole tant elles sont neuves et rutilantes. Aucun signe apparent de l'Afrique que tu connais, celle des couleurs, des odeurs hallucinantes qui étaient notre quotidien en Ethiopie, ici les gens sont habillés à l'occidentale. C'est d'abord ce qui frappe, puis tu traverses cette ville, et l'Afrique apparaît, au départ indescriptible puis peu à peu tu la découvres. On a l'impression de voir une ville où l'Afrique reprend ses droits, entre les immeubles, au pied des tours, avec ce qu'elle a de plus beau mais aussi de plus dur.

Direction l'Institut, il se trouve au centre ville, dans une bâtisse, de quatre étage. Nous y attend Catherine Blondeau, une grande fille, au regard décidé, à la chevelure blonde. Court meeting, direction Melville, où nous poserons nos valises, charmant cottage, à la verdure rutilante. Sur les façades des maisons s'affichent des panonceaux très explicites, "Warned house, armed réaction". On nous assure que nous sommes dans un quartier où nous pouvons "marcher" sans aucun problème, et que le phénomène sécuritaire est aussi beaucoup lié à une parano. Nous, on ne sait pas, on écoute et on ouvre grands les yeux.
Après une douche, nous nous retrouvons pour déjeuner, restaurant portugais. En fait ici, plusieurs communautés cohabitent, la fin de l'Apartheid il y a tout juste quatre ans a transformé la ville, les populations des quartiers se déplacent, certains qui n'étaient habités que par des blancs sont aujourd'hui peuplés de noirs, les blancs se réinstallant ailleurs en périphérie où vient se mêler la nouvelle bourgeoisie Sud Africaine.

En fin d'après midi nous allons rendre visite à Roshnee Moonsammy, la directrice du festival Arts Alive, elle sera une de nos partenaires pendant notre séjour, elle nous a établi un programme de découvertes et de rencontres pas piqué des vers, ce qui fait dire à Michèle "on va pas chômer !!!"

Le soir, nous retrouvons à nouveau pour déjeuner dans un restaurant portugais en compagnie de Rodney Place (René in french) l'ami de Catherine, il est plasticien, ce repas a été organisé afin que nous puissions rencontrer Georges une sorte de Jacky Beffroy, constructeur mécano de génie pouvant nous orienter et nous aider dans nos démarches. Enriké et lui sympathisent très rapidement en portugais autour d'un whisky. Il a un grand atelier équipé à proximité du stade et propose de nous mettre à disposition pendant notre futur séjour un atelier de 600m2 entouré d' un terrain de 2000m2. Nous irons le visiter dans la semaine.

La soirée se terminera chez Catherine, autour d'un dernier verre où Rodney nous parlera de ce drôle de pays. Il y est né et on le sent passionné et préoccupé par son évolution. Puis fatigués, fatigués , sans aucun recul, la rétine et le cerveau collés à Johannesburg, nous allons nous coucher·

Samedi 13 Mars, 19h

Je reprends ce courrier. Roshnee vient nous chercher vers les dix heures pour aller à la rencontre de Suzette Lesueur la directrice d'une école de danse très active The Dance Factory. En nous y rendant lors d'un arrêt à un feu rouge, le chauffeur de la voiture voisine, nous interpelle, et avec un grand sourire il nous dit : "So How do you find Johannesburg ? full of crimes isn't it !? "

Nous arrivons à destination, Suzette nous accueille, visite de son lieu de travail, un très bel espace en plein centre de la ville, y'a pas photo entre le Training hall du Circus et ici. Cette école travaille avec des groupes déjà constitués de jeunes danseurs provenant de différents quartiers de "Jobourg". Une collaboration est possible, celle ci restant à définir en fonction de l'évolution de notre projet. Prochain rendez-vous mardi pour en discuter.

Puis nous allons au devant de François, le responsable d'une école de théâtre amateur, Market Theater Laboratory là aussi on sent le sérieux et l'organisation, ils bénéficient d'un très bel espace de répétition. François nous fait part de ses craintes et n'est pas forcément en accord avec la politique du festival estimant que celui ci ne travaille pas suffisamment avec le milieu artistique de Johannesburg. A la fin de notre entretien il n'est pas opposé à une collaboration, nous décidons de nous revoir lundi à l'Institut Français pour approfondir tout ça !!! Petit tour sur le free market proche du théâtre où nous essayons les saucisses locales (bof, en fait les mêmes qu' en Allemagne !)

Catherine nous ramène à Melville. Après-midi libre ! Sieste, shopping, écriture· Le téléphone sonne : c'est Claude à Brest (ici, les portables fonctionnent très bien). Il nous annonce que l'inauguration de l'arène de Carmen de la Compagnie Off construite ce mois-ci au Fourneau s'est bien passée· sous un super soleil breton !

Ici, il fait un orage terrible, pluie torrentielle, vent et éclairs. Il faudra se rappeler cet été qu'ici le ciel peut vraiment nous tomber sur la tête ! Voilà pour aujourd'hui.

Le taureau de Rodney

Ce soir, chez Catherine, une soirée barbecue est organisée avec l'équipe de l'Institut afin que nous puissions nous connaître un peu mieux·

Jean-Raymond, Michèle et Kiké


Repérages, mars 1999

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